
A l’attention de Monsieur Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur :
Monsieur le Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur,
Je souhaite vous exprimer mon indignation face à la décision de retirer nos dossiers de subvention de la prochaine plénière, sur demande du Rassemblement National, sous prétexte de l’application de votre plan « Valeurs » visant à lutter contre l’écriture inclusive dans les structures bénéficiant d’aides régionales. Avec mon équipe et notre conseil d’administration, nous refusons catégoriquement de céder à cette pression, non par militantisme, mais par respect de la diversité de pensée et de l’indépendance de notre association face aux injonctions politiques.
Je conteste fermement votre décision, tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, nos dossiers de subvention ne comportent pas d’écriture inclusive, et il n’est pas de votre ressort de réguler nos supports de communication tant qu’ils respectent la loi. Sur le fond, votre plan « Valeurs » est un marqueur politique, dicté par le Rassemblement National, et ne répond pas aux véritables défis de la langue française, comme l’appauvrissement du vocabulaire ou la polarisation de la pensée.
Je rappelle que le retrait injustifié de nos dossiers constitue un abus, d’autant qu’un audit récent de vos services atteste de la bonne gestion de nos fonds. Cette décision pénalise non seulement notre association, mais aussi les centaines d’artistes et d’opérateurs culturels que nous accompagnons, ainsi que le Conseil Méditerranéen de la Jeunesse qui a besoin plus que jamais de votre soutien. En validant la démarche du Rassemblement National, vous prenez le risque de fragiliser l’ensemble du tissu associatif et de rompre la confiance avec les partenaires engagés à vos côtés. Alors je vous pose la question : souhaitez-vous vraiment terminer votre mandature avec l’image d’un président complice du Rassemblement National ?
En synthèse, je vous demande de revoir votre position et de limiter l’application de vos mesures à l’administration régionale, sans porter atteinte à la liberté d’expression des associations. Je vous adresse mes salutations républicaines, dans l’espoir d’un dialogue constructif pour la cohésion de notre région.
Sam Khebizi – Directeur de l’association Les Têtes de l’Art
A l’attention de notre communauté et des adhérent·es de l’association :
Cher·es membres, associations, artistes, cher·es citoyen·nes,
Nous nous adressons à vous aujourd’hui pour partager le sens de notre engagement et de notre refus face à la mesure récente du Président de la Région Sud, Renaud Muselier, visant à exclure de toute aide régionale les structures ayant recours à l’écriture inclusive dans leurs communications.
Vous devez savoir que les dossiers des Têtes de l’Art ont été retirés de la présentation au vote de la prochaine plénière,suite à la demande explicite du Rassemblement National en commission technique. Dans un contexte budgétaire déjà tendu, cette mesure infondée nous pénalise directement, mais elle vous impacte aussi dans notre capacité à vous accompagner dans vos projets. Elle impacte plus largement les artistes et les associations en général dans leur indépendance de pensée et d’action vis-à-vis du pouvoir politique.
Beaucoup d’entre vous nous indiquent ne pas comprendre exactement les termes du débat sur la polémique désormais nationale entourant le choix de la Région Sud de refuser l’écriture inclusive, ses causes et ses conséquences. Nous vous proposons donc de vous en décoder les enjeux principaux :
Sur la forme : le respect de la liberté d’expression et du cadre légal sur l’écriture inclusive
- La Région peut imposer ses propres règles à son administration et aux documents techniques liés aux demandes de subvention, mais elle ne peut pas dicter la ligne éditoriale ou le choix de langage des associations dans leurs communications publiques, tant que celles-ci restent dans le cadre légal. Exiger la suppression de toute trace d’écriture inclusive de l’ensemble des supports de communication revient à restreindre ouvertement notre liberté d’expression et à nous imposer implicitement une norme idéologique. En clair, la Région est en faute sur le sujet et les décisions prises sont parfaitement contestables sur la base des jurisprudences existantes. Vous pouvez légitimement refuser toute demande de modifications de vos modes de communication en dehors des documents échangés avec la Région.
Sur le fond : une mesure politique, un risque pour la diversité et l’indépendance
- Marqueur politique : La mesure du président Muselier, poussée par le Rassemblement National avec Franck Allisio en chef de file (qui au passage vient de déclarer sa candidature à la Mairie de Marseille), est avant tout un marqueur idéologique. Elle vise à instaurer un contrôle politique sur la parole des associations, au détriment de la diversité des points de vue et de l’indépendance de nos structures.
- Indépendance et diversité : La question de l’écriture inclusive n’est que le cheval de Troie d’un projet idéologique bien plus vaste. Demain, c’est bien l’autonomie de nos projets, le respect de la diversité de pensée et la nécessité de préserver nos associations de toute pression partisane qu’il faudra défendre
- Un silence complice : Je regrette la frilosité de certains acteurs majeurs de la culture ou encore du monde associatif et syndical à s’exprimer ouvertement et fortement sur le sujet. Ne pas dénoncer cette dérive évidente, c’est fragiliser la cohérence et la crédibilité de nos projets artistiques, associatifs et citoyens. La parole doit être forte et collective.
En conclusion
Nous prenons publiquement la parole en pleine conscience des risques encourus. Nous refusons de céder à la pression politique, car nous croyons à la force du débat, à la nécessité de préserver l’indépendance des associations et à l’importance de la diversité dans nos modes de communication. Nous ne faisons pas d’appel à l’aide, nous avons appris en 30 ans à défendre nos positions en toute indépendance.
Cependant, nous appelons chaque association, chaque artiste, chaque citoyen·ne, à prendre position sur le sujet, à rester vigilant·e et à défendre collectivement la liberté d’expression, la diversité et la cohésion sociale. Non pas pour s’opposer à l’institution régionale, mais pour rappeler à sa majorité actuelle les lignes rouges à ne pas franchir.
Aussi, n’hésitez pas à relayer ces messages !
Avec toute notre détermination,
L’association Les Têtes de l’Art
Documents ressources concernant nos demandes de subventions à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur :